
No Mow May (Mai sans tondeuse en français) est une initiative qui a d'abord été popularisée par Plantlife, une organisation caritative de protection de la nature basée au Royaume-Uni, et qui est maintenant largement connue et pratiquée dans toute l'Amérique du Nord. L'objectif de Mai sans tondeuse est simple : décourager les gens de tondre les pelouses en mai, lorsque la flore vivace spontanée qui pousse dans les pelouses fournit une nourriture et un habitat importants pour les pollinisateurs. Des variantes de ce concept, comme le "défi pissenlit", peuvent sembler différentes, mais elles encouragent le même principe de base, à savoir la réduction de la tonte au printemps.
Toutefois, la popularité croissante de cette initiative a suscité des doutes quant à son efficacité pour soutenir les pollinisateurs, ainsi que des inquiétudes quant au fait qu'elle pourrait détourner l'attention d'actions plus bénéfiques et intentionnelles, telles que la plantation de plantes indigènes. Dans cet article, nous présentons le point de vue de Bee City Canada sur l'arrêt de la tonte. Nous y parlerons de ses avantages, ses limites et nos recommandations sur la façon de soutenir les pollinisateurs et les écosystèmes par la réduction de la tonte, une gestion réfléchie et l'introduction intentionnelle de plantes indigènes.
Les avantages de Mai sans tondeuse
Mai sans tondeuse a été un outil incroyable pour promouvoir l'absence de valeur écologique associée à la pelouse conventionnelle tondue, qui a été encouragée en tant que norme sociale pendant bien trop longtemps. Les pelouses conventionnelles sont presque des zones mortes pour les pollinisateurs, car elles n'offrent que peu ou pas de nourriture et de possibilités de nidification. Mai sans tondeuse n'a pas seulement sensibilisé les gens à ce fait, elle leur a également fourni un récit qui leur a permis de rompre avec la norme sociale de la pelouse conventionnelle et d'expérimenter un retour vers la nature dans leur jardin, même si l'approche est imparfaite. Au-delà des individus, Mai sans tondeuse a eu des retombées systémiques, encourageant de nombreuses municipalités à adopter le concept de réduction de la tonte, au moins pendant le mois de mai. Petit à petit, le message transmis par le mouvement a encouragé les individus et les gouvernements à s'éloigner de la pelouse conventionnelle comme mode de gestion de jardins, et à accueillir des approches plus bénéfiques sur le plan écologique. the way to manage a yard, and to welcome management approaches that are more ecologically beneficial.
À Bee City Canada, nous considérons Mai sans tondeuse comme un pas dans la bonne direction, et non comme une destination. Le concept peut servir d’introduction pour comprendre les mesures qui peuvent être prises pour soutenir les pollinisateurs et les écosystèmes.
Bien entendu, si l'on ne tond pas constamment une pelouse, il est plus probable que certaines fleurs spontanées survivront et auront l'occasion de fleurir et de fournir de la nourriture aux pollinisateurs. Il s'agit bien sûr de quelque chose de plus que ce qu'offre une pelouse entretenue. Mais de nombreuses fleurs qui apparaissent spontanément ne sont pas indigènes au Canada, comme les pissenlits, les crocus et le trèfle blanc. Au Royaume-Uni, où le mouvement a vu le jour, les pissenlits et le trèfle blanc sont indigènes et les pollinisateurs ont eu l'occasion d'évoluer avec eux, ce qui n’est pas le cas en Amérique du Nord. Ces plantes fournissent du pollen et du nectar, ce qui est bénéfique, mais elles ne constituent pas des sources de nourriture idéales pour les pollinisateurs indigènes d'Amérique du Nord ; par exemple, le pollen de pissenlit peut contribuer à compléter le régime alimentaire des abeilles, mais il constitue à lui seul une source de protéines relativement faible.
Bien que les avantages de Mai sans tondeuse pour les pollinisateurs soient limités en termes de nourriture et d'abri, cela présente d'autres avantages importants. Par exemple, en encourageant simplement les gens à délaisser leurs tondeuses pour quelques temps, cela réduit les émissions de gaz à effet de serre associées à la tonte, ce qui constitue un pas en avant dans l'atténuation du changement climatique. Cet avantage peut être particulièrement important lorsque la tonte est réduite à grande échelle, comme dans le cas de la gestion des terres municipales. En encourageant une esthétique plus naturelle, Mai sans tondeuse réduit également l’utilisation par certaines personnes de produits chimiques, tels que des pesticides et des herbicides, ainsi que des quantités excessives d'eau pour l'entretien de leur jardin.
Les limites de Mai sans tondeuse
Comme nous avons commencé à l'évoquer, les plantes spontanées sont souvent non indigènes et ne constituent pas des sources de nourriture idéales pour les abeilles et les autres pollinisateurs. Dans certains cas, l'approche consistant à laisser pousser les plantes spontanées pourrait même contribuer à la propagation d'espèces envahissantes, ce qu'il convient d'éviter. L'approche plus intentionnelle consistant à planter des plantes indigènes dans votre jardin et à entretenir une communauté végétale diversifiée sera toujours le meilleur choix si votre objectif est de soutenir les pollinisateurs, et nous examinerons cela plus en détail dans la section qui suit.
Une autre limite de Mai sans tondeuse, c'est la période de l'année. Le mois de mai est en effet une période critique pour les pollinisateurs qui ont besoin de sources de nourriture, mais il en va de même pour les mois de mars et d'avril, lorsque certains pollinisateurs sortent de l'hibernation, et plus tard, d'août à octobre, lorsque de nombreux pollinisateurs se reproduisent et se préparent à l'hibernation. Bien que le titre “Mai sans tondeuse” soit accrocheur et contribue à faire passer le message, il n'est pas idéal de limiter l'action à une période aussi courte si l'on veut soutenir efficacement les pollinisateurs.
Plus important encore, si le mouvement permet d'engager la conversation, il risque de laisser certaines personnes avec une compréhension limitée de la manière la plus efficace de soutenir les pollinisateurs et les écosystèmes dans leur jardin. Bien que l'initiative ait été clairement conçue pour encourager les gens à agir, il existe un risque que le mouvement donne à certaines personnes le sentiment qu'elles font un pas important pour soutenir les pollinisateurs, alors qu'en réalité, elles ne font que commencer. Dans la section suivante, nous fournirons des recommandations plus nuancées pour soutenir les pollinisateurs et les écosystèmes.
Nos recommandations
Une fois que vous avez ouvert votre esprit aux possibilités qu'offre un jardin au-delà d’un gazon manucuré, il n'y a aucune raison de vous limiter à la réduction de la tonte au cours du mois de mai. Nous encourageons la gestion active des jardins pour les pollinisateurs tout au long de la saison de croissance, du début du printemps jusqu’à l'automne. La meilleure façon d'y parvenir est de planter et de gérer activement des jardins de plantes indigènes pour les pollinisateurs. Vous pouvez commencer par planter quelques plantes indigènes dans votre jardin. Peut-être souhaitez-vous créer un plus grand jardin de plantes indigènes sur les bords de votre pelouse, tout en conservant un peu de gazon pour les loisirs. Peut-être aimeriez-vous même transformer tout votre espace en un jardin de plantes indigènes pour pollinisateurs, comme l'ont fait plusieurs d'entre nous à Bee City Canada ! Quelle que soit la superficie que vous souhaitez consacrer au jardinage pour les pollinisateurs, voici comment nous vous recommandons de créer ces espaces :
- Donnez la priorité aux plantes indigènes de votre région. Les plantes indigènes ont évolué avec les pollinisateurs indigènes pour fournir de précieuses ressources en pollen et en nectar, et pour prospérer dans votre climat sans avoir besoin d'un arrosage excessif et d'intrants chimiques. Les plantes indigènes soutiennent la merveilleuse diversité des pollinisateurs indigènes de votre région. Consultez les Guides de plantation écorégionaux et l'outil de sélection des plantes Find Your Roots de Pollinator Partnership Canada pour savoir quelles plantes choisir selon votre région.
- Incorporez une gamme de plantes qui fournissent de la nourriture aux pollinisateurs du printemps jusqu’à l'automne. Le début du printemps et la fin de l'automne peuvent être des périodes difficiles pour les pollinisateurs qui ont du mal à trouver des plantes en fleurs, bien qu'il s'agisse pourtant de moments critiques dans le cycle de vie de nombreux pollinisateurs. Par exemple, la plupart des espèces de bourdons sortent de l'hibernation au début du printemps et produisent de nouvelles reines à la fin de l'automne. Il s'agit donc de périodes critiques de leur cycle de vie où ils ont besoin de ressources florales pour fonder des colonies (printemps) et produire des abeilles reproductrices (fin de l'été et automne) qui fonderont des colonies l'année suivante.
- Inclure des plantes hôtes pour les pollinisateurs. De nombreux pollinisateurs ont développé des relations symbiotiques avec des espèces végétales spécifiques et dépendent d'elles pour pondre leurs œufs. Un exemple bien connu est la dépendance des larves de papillons monarques à l'asclépiade. Mais de nombreuses autres fleurs, arbres et herbes indigènes fournissent de la nourriture larvaire à des centaines d'autres types de papillons, comme les papillons glauques.
- Laissez des parcelles de terre nue, des tiges et des tiges mortes comme espace de nidification. Alors que les abeilles domestiques vivent dans des ruches construites par l'homme, la grande majorité des espèces d'abeilles (>90%) nichent sous terre, dans les tiges des plantes, dans d'anciens terriers de coléoptères dans le bois et dans d'autres cavités naturelles. Inspirez-vous de la nature pour inclure certains de ces éléments dans votre jardin.
- Évitez les insecticides. Certains insecticides peuvent nuire aux pollinisateurs lorsqu'ils entrent en contact avec eux. Lisez toujours les étiquettes des produits, respectez les restrictions qui leur sont imposées et recherchez les avertissements indiquant qu'ils peuvent être nocifs pour les abeilles.
Mai sans tondeuse : Quelques réflexions pour conclure
Le mouvement Mai sans tondeuse a eu un impact positif profond dans tout le Canada, principalement en ouvrant le cœur et l'esprit des gens à l'idée que les jardins peuvent être des havres de paix pour la nature. La réduction de la tonte, lorsqu'elle est bien faite (consultez le document Repenser la tonte de la pelouse de la Fédération canadienne de la faune pour obtenir des conseils), présente de nombreux avantages, notamment une plus grande disponibilité de nourriture pour les pollinisateurs. Mais lorsqu'il s'agit de soutenir les pollinisateurs, il est important de considérer la réduction de la tonte comme une première étape, et non comme une finalité. Pour soutenir au mieux les pollinisateurs, nous recommandons vivement de planter et de gérer activement des jardins de plantes indigènes ; ce faisant, vous pouvez être certain que vous fournissez une nourriture et un abri essentiels aux pollinisateurs locaux.