
L'automne est arrivé, annoncé par la chute annuelle des feuilles rouges, jaunes et oranges. Pour beaucoup, cela signifie qu'il est temps de sortir le râteau et de nettoyer le jardin avant l'hiver. Cette pratique est depuis longtemps une norme de jardinage, même chez ceux qui jardinent intentionnellement pour attirer les pollinisateurs pendant les mois de printemps et d'été. Le fait de ratisser les feuilles, de récolter les graines ou couper les tiges des plantes à fleurs et de les mettre dans des sacs pour les ramasser peut sembler être la bonne chose à faire. Cependant, ces pratiques perturbent les populations de pollinisateurs indigènes que beaucoup d'entre nous essaient d’aider.
Si certaines espèces de pollinisateurs, comme le célèbre papillon monarque, migrent pour éviter le froid, la grande majorité des espèces de pollinisateurs indigènes passent l'hiver près de chez eux. En effet, de nombreuses espèces passent l'hiver sous et dans la matière organique, notamment sous les feuilles mortes et autres couvertures végétales, ainsi que dans des tiges mortes. Certaines espèces de papillons et de papillons de nuit, par exemple, passent l'hiver à l'intérieur ou sous la couverture des feuilles, sous forme d'œufs, de chenilles, de chrysalides ou d'adultes. Les reines des bourdons - y compris le vulnérable bourdon terricole - passent souvent l'hiver sous terre, les feuilles fournissant une couche d'isolation supplémentaire dont elles ont besoin. Les abeilles solitaires, qui peuvent être très petites, sont même connues pour passer l'hiver à l'intérieur de tiges de plantes mortes. Au-delà des pollinisateurs hivernants, de nombreux animaux profitent des feuilles et autres végétaux laissés sur place, notamment les oiseaux, les mammifères, les amphibiens, les reptiles et d'autres insectes. Le sol bénéficie aussi grandement de la présence des végétaux laissés sur place. En se décomposant, les végétaux restituent au sol les nutriments dont il a besoin, ce qui favorise la croissance des plantes qui repoussent au printemps et fournissent alors de la nourriture pour des animaux.
Laisser les feuilles, les tiges et les autres matériaux peut sembler évident dans les zones naturelles, où cela se produit depuis des millions d'années. Comme l'a écrit Aristote, « la nature ne fait rien en vain ». Les animaux ont évolué au fil du temps en suivant le cycle de la chute des feuilles et dépendent aujourd'hui de celles-ci de multiples façons. Il est important de tenir compte de cette perspective lorsque nous essayons d’aider la vie sauvage dans nos propres jardins. Dans le seul but de soutenir ces espèces, nous pouvons planter une communauté diversifiée de plantes indigènes et laisser la matière organique intacte pour qu'elle soit utile aux animaux et au sol en tant que paillis. Pour beaucoup d'entre nous, cependant, soutenir la nature est un objectif important, mais pas le seul ; en plus des zones d'habitat, certains aiment entretenir le gazon pour les animaux domestiques ainsi que pour d’autres activités. Si une fine couche de feuilles peut être bénéfique au gazon, une couche épaisse peut lui être préjudiciable.
Bien que nous recommandions de remplacer autant que possible le gazon par des plantes indigènes et de ne pas y toucher pendant les mois d'automne, nous sommes conscients que de nombreuses personnes continuent de choisir cette option. Quelle que soit la quantité de gazon que vous entretenez, vous pouvez faire une différence significative pour les pollinisateurs et les autres animaux en laissant autant de matière organique que possible. Voici nos recommandations si vous souhaitez vous joindre au mouvement "laissez les feuilles" cet automne :
- Si votre jardin est entièrement recouvert de gazon et qu'une fine couche de feuilles est tombée, vous pouvez envisager de laisser les feuilles telles quelles. Une fine couche de feuilles n'endommage pas le gazon.
- Si votre jardin est entièrement recouvert de gazon et qu'une épaisse couche de feuilles est tombée, envisagez de les étaler ou de les déplacer ailleurs, plutôt que de les mettre en sac. Vous aidez ainsi les pollinisateurs qui hivernent.
- Si vous avez une partie de gazon et une partie de jardin indigène, et qu'une épaisse couche de feuilles est tombée, envisagez de déplacer les feuilles du gazon vers le jardin. Une épaisse couche de feuilles fournit un paillis précieux et profite au jardin lorsqu'il repousse l'année prochaine.
- Si votre jardin ne contient pas de gazon, envisagez de laisser les feuilles et autres végétaux intacts afin de soutenir au mieux le sol et les pollinisateurs qui passent l'hiver dans votre jardin.
- Faites attention aux feuilles malades et enlevez celles que vous trouvez, car elles peuvent avoir un impact négatif sur les plantes l'année suivante.
- Même si vous vous engagez à laisser les feuilles, n'oubliez pas d'enlever les feuilles des trottoirs pour éviter que les gens ne glissent dessus. Pensez à déplacer les feuilles du trottoir vers votre jardin.
- N'oubliez pas de laisser les feuilles et les autres végétaux jusqu'au printemps, lorsque les températures sont constamment supérieures à 10℃, afin que les pollinisateurs qui hivernent aient la possibilité d'émerger en premier.
- Parlez à vos amis et à votre famille de l'importance de laisser les feuilles, afin que tout le monde comprenne l'importance de ce geste pour les pollinisateurs et les écosystèmes.
De nombreuses villes et communautés Amies des Abeilles à travers le Canada ont pris des mesures pour encourager les résidents à laisser les feuilles et autres végétaux pour soutenir les pollinisateurs qui hivernent. Nous vous encourageons, que vous soyez une municipalité, un campus, une école ou un particulier, à laisser les feuilles et autres végétaux pour soutenir les pollinisateurs cette saison, à un moment où chaque petit geste compte !